Nous venons de passer la frontière Azerbaïdjanaise, une dizaine d’hommes veulent nous échanger nos derniers « Lari » contre des « Manat » (monnaie Géorgienne et Azérie) mais trop incertains sur le taux pratiqué, nous refusons ! Nous sommes arrivés à la frontière plus vite que prévu suite à un changement de direction ! Nous voulions entrer en Azerbaïdjan par l’entrée « principale » à l’Est de la Géorgie, mais alors que nous étions perdus aux abords de Tbilissi, un automobiliste nous a fait bifurquer de notre chemin, vers le sud, par « Roustavi » ! En règle générale, au poste frontière, nous avions toujours trouvé des informations sur le Pays dans lequel nous entrions, mais en passant par ce petit poste frontalier, nous n’avons pas pu obtenir la moindre info ! Après le poste frontière, rien ! Des murs de démarcations, quelques maisons de paysans, un parking pour camion et une route ! Pas la moindre ville à l’horizon !

Un bus fait la navette entre la frontière et Baku, la capitale. Philippe essaie de nous convaincre de le prendre, mais Nathanaël et moi souhaitons nous essayer au stop dans ce pays et garder l’option bus pour plus tard, si le stop ne fonctionne pas. De toute façon nous n’avons pas de monnaie locale il nous serait donc difficile de payer un ticket ! Alors que nous sommes en train de réfléchir à la meilleure solution, le bus nous passe devant, nous avions compris qu’il partait à 22 heures, finalement il est 20h20 et nous n’avons plus besoin de tergiverser, le bus est parti, plus qu’à essayer le stop !

Nous marchons le long de la route le pouce levé, mais aucun camion ne s’arrête. Quarante minutes plus tard nous sommes toujours sur la route, quelques kilomètres plus loin, le stop ne fonctionne pas du tout ce soir, et nos estomacs crient famine ! Heureusement nous apercevons un restaurant de routiers à une centaine de mètre devant nous, enfin une bonne nouvelle, nous allons pouvoir manger, enfin si le restau accepte de prendre nos « Laris » … Le patron du restaurant, Hocine, accepte et nous arrivons en plus à négocier les prix pour une soupe et un peu de viande, puis allons nous asseoir en terrasse privative derrière le restaurant d’où nous admirerons les couleurs pastelles du ciel alors que le soleil se couche par delà la Géorgie ! Après le repas, comme la terrasse se trouve sous une tonnelle en bois, nous demandons s’il est possible de dormir sur place en déplaçant la table, Hocine refuse… pour nous conduire dans le restaurant et nous ouvrir une salle privative pour que nous puissions y dormir, et ce n’est pas fini ! Après ça il nous invitera à sa table pour prendre un second repas, offert, avec kebab, salade de légume, jus de fruits, viande hachée, fruits… un vrai festin ! Nous allons ensuite nous coucher, repus ! Le lendemain matin, nous quittons le restaurant après n’avoir bu qu’un thé, nous ne prendrons rien de plus car nous savons que ce sera offert et nous ne voulons pas abuser de l’hospitalité d’Hocine !

Nous reprenons l’autostop, à peine 15 minutes plus tard un premier conducteur s’arrête et nous propose de nous conduire à « Gence » (prononcer « Jenja ») environs 150 km plus loin ! Durant le trajet, le conducteur nous questionne sur la raison de notre présence en Azerbaïdjan et s’intéresse beaucoup à nos divers projets malgré un anglais approximatif ! Il nous invitera à manger dans un très bon restaurant de Gence ! La suite du trajet en stop se fera aussi facilement que la première partie ! Après un record de vitesse en Lada (160km/h sans ceinture bien sûr…) durant lequel on ne faisait pas les fiers et un trajet avec un militaire très sympa à la conduite irréprochable nous finirons notre route avec deux étudiants en chimie qui nous conduiront durant 4h30 sur les 400 km qui nous séparent encore de Baku, à 5 dans une Lada, sous un soleil de plomb ! Ce n’est pas le trajet le plus confortable que j’ai connu… !

Arrivé à Baku nous nous rendons au point de rendez vous fixé pour rencontrer Fred, un Français expatrié qui nous a proposé de nous héberger ! La ville est en fête, partout sont affichés les symboles de l’évènement du moment : l’Eurovision 2012 ! Nous étions nullement au courant de la tenue de cette compétition à Baku, mais chaque personne avec qui nous aurons l’occasion de discuter dans la rue nous pose la question : « Vous êtes la pour l’Eurovision ? » – « Pas vraiment… » Mais malgré tout nous avons entendu parler d’une soirée organisée par l’ambassade de France pour accueillir Anggun, celle qui représentera l’hexagone pour cet évènement. Nous ne sommes pas invités, mais l’hôtesse nous laissera entrer lorsque nous lui expliquons que nous avons volontairement organisé nos voyages pour passer à Baku pour l’Eurovision… Nous voila en tenues de « Routard » au milieu d’une soirée huppée ! Jus de fruits, vin blanc, petits fours, et photos avec Anggun pour faire comme tout le monde ! Les soirées des ambassades sont plutôt sympas !

Entre recherche d’infos sur le Ferry, l’obtention du visa pour le Kirghizstan, et la recherche vaine de l’ambassade Ouzbèk, le temps à Baku passe très vite ! Après le visionnage d’un reportage sur le Kirghizstan, j’ai décidé d’ajouter ce pays à mon parcours ! Ma visite en Ouzbékistan dépendra elle, à l’inverse de l’obtention où non du visa à Almaty ! Je ferais tout de même un petit tour dans la vieille ville où je verrais “Giz Galasi”, la Tour Maiden, vestige des remparts de la ville datant du 12ème siècle. Et j’aurais aussi l’occasion de me baigner dans la Mer Caspienne grâce à Fred qui nous conduira sur une plage à peu près propre…

Durant toute la durée du séjour à Baku, nous irons chaque jour au port, à une heure de marche pour avoir des informations sur la date et l’heure de départ du ferry ! Nous essayons aussi de négocier le prix, mais c’est impossible, la dame qui s’occupe de la vente de billet et n’est pas plus aimable qu’une porte de prison et ne parle pas un mot d’anglais. Heureusement, pour l’Eurovision, une petite annexe de l’office du tourisme a été installée au port au cas où des personnes arriveraient depuis le Kazakhstan en bateau pour ce bel évènement ! Du coup les hôtesses de ce petit bureau parlent anglais et nous offriront une aide appréciable dans la quête de ce billet de bateau !

Passer au Kazakhstan en Ferry peut rapidement devenir une vraie galère ! Nous avons été plutôt chanceux en comparaison à d’autres voyageurs dont j’ai pu lire les récits sur le web et ce, bien que nous ayons du nous précipiter au port à l’annonce d’un départ inattendu du Ferry, après deux annulations consécutives !

Il est 14h et nous attendons maintenant le droit de passer la frontière pour embarquer à bord du MERKURY-I, qui remplace son petit frère, le MERKURY-II qui a sombré en 2002… Durant l’attente, je fais connaissance avec Jacques, un Français qui à quitté la France il y a 18 ans pour faire un tour d’Europe en courant et qui n’est toujours pas rentré, Jacob, un Israélien qui voyage en moto et je retrouve Mickaël, un allemand rencontré quelques jours plus tôt dans Baku. Ces derniers voyagent en vélo !

Bref, nous pensions passer une dernière soirée à Baku et regarder l’Eurovision avec Fred ! Finalement à 16h nous sommes à bord du ferry, après un passage de frontière un brin laborieux, parce que les douaniers auraient aimé que je leur montre les photos de Baku et de l’Eurovision que j’ai pris… Comme je refuse, tout prend plus de temps ! Je passe 30 minutes debout devant la vitre qui me sépare des douaniers, puis ils me posent tout un tas de questions, au sujet de mon appareil photo, je fais mine de ne rien comprendre. A force de faire l’idiot qui ne comprend rien, ils finissent par se lasser et me laissent finalement passer !

Traverser la mer caspienne ! Depuis le temps que j’attends ça ! Je monte donc à bord du MERKURY-1 et quelques dizaines de minutes plus tard le bateau quitte le port ! Il est ponctuel par rapport au dernier horaire annoncé, la raison est simple, il y a dans la soute un train chargé de pétrole…

A bord du bateau les passagers sont peu nombreux, une vingtaine tout au plus. Je passe un long moment à contempler l’horizon alors que nous nous éloignons de Baku ! La mer Caspienne est la plus grande masse d’eau enclavée du monde, elle est environ trois fois moins salée que le reste des mers et océans du globe sauf dans la baie de Kara-Bogaz (Turkménistan) où la salinité est, à l’inverse, beaucoup plus élevée. Au large nous croisons de vieilles plateformes pétrolières abandonnées et d’autres structures métallique donnant à cette mer des allures post-moderne.

La nuit arrive, quelques nuages me cachent la fin du couché de soleil, tombant sur l’Azerbaïdjan cette fois. Après un repas très moyen à la cafeteria du bateau et un dernier tour sur le pont de nuit, je regagne ma cabine !

À mon réveil la terre est en vue ! Mais à une dizaine de kilomètres du port, le bateau jette l’ancre et nous passerons le reste de la journée à bord sans informations quand au débarquement ! Il peut être à midi, six heures, ou le lendemain! Lorsque la nuit tombe nous sommes toujours à bord et espérons passer une deuxième nuit à bord mais c’est à ce moment là que les moteurs redémarrent ! Débarquer au beau milieu de la nuit, quel bonheur ! C’est à 1h00 du matin que je pose le pied sur le sol Kazakh, enfin, je n’ai pas encore passé la frontière ! Une heure plus tard je suis véritablement au Kazakhstan ! Il est 2h00 du mat, nous sommes en plein milieu d’une zone industrielle consacrée aux énergies fossiles, l’odeur de pétrole est répugnante !

Nous cherchons ensuite un endroit où dormir le long de la route, en vain ! Les chiens errants nous pousserons à faire demi-tour. Finalement nous établissons le bivouac juste devant le poste frontière !

Il est 3h00 environs lorsque je me couche, et le soleil ne me laissera pas faire la grasse matinée le lendemain ses rayons me réveillent aux aurores! Je plie bagage avec Philippe et Nathanael, c’est parti pour l’Asie centrale !