Premiers pas dans l’empire du milieu

Entre le Kazakshtan et la Chine la frontière géographique est vaste ! A l’inverse, culturellement… la situation est plus compliquée.

C’est en bus que nous entrons donc dans le Xinjiang (新 xīn « nouveau » et 疆 jiāng « frontière, territoire limitrophe » qui signifie « nouvelle frontière »), région autonome de l’ouest chinois, frontalière du Kazakhstan. Etant donné qu’il est impossible de la franchir à pieds, des officiers Kazakhes nous ont aidés à trouver un bus pour passer. L’organisation du poste frontière chinois est impeccable, les gens attendent en files sans se bousculer et dans le calme. Il est même possible d’attribuer une « note » à l’officier en charge de vous délivrer le tampon d’entrée via un petit écran, si l’officier est trop long ou pose trop de questions, vous pouvez lui attribuer smiley mécontent… Et lorsque des officiers gardent mon passeport un peu plus longtemps que la normale, c’est juste qu’ils souhaitent prendre une photo de celui-ci, mais qu’ils n’osent pas me le demander franchement… Le nombre de Français qui passent par là ne doit pas être très très élevé !

Je suis avec Pierrick, nous désirons commencer le stop pour nous rendre à Urumqi, Capital du Xinjiang, première grande ville chinoise sur notre route. Sur les panneaux de signalisation, ou publicitaires, le Russe a laissé place aux sinogrammes chinois et dans la rue les gens parlent, ou plutôt crient, le mandarin, mais malgré cela, on est loin de la Chine que nous avions imaginée… Mon premier repas sera même un Plov ! Mon plat d’Asie Centrale favori ! La différence entre nos attentes et la réalité vient probablement du dramatique raccourci que nous faisons en France (ou ailleurs) en parlant des « Chinois » pour qualifier la totalité des gens vivant dans ce pays… presque aussi vaste que le continent européen (Attention je ne parle pas de l’Union Européenne mais bien du continent européen !). Cela revient à confondre un Russe de St Petersbourg avec un habitant de la région d’Alentejo au Portugal ! Une hérésie pour nous, mais comme dirait OSS117 : « N’oublions pas que pour eux, nous sommes tous les mêmes ! ».

La République Populaire de Chine est composée de 22 provinces PLUS cinq régions autonomes PLUS quatre municipalités pour les plus grands villes PLUS deux régions administratives spéciales (Macau et Hong Kong). Le Xijiang où nous nous trouvons actuellement est la plus grande des cinq régions autonomes, la plus connue étant… le Tibet ! Les régions autonomes sont des divisions territoriales où vivent une part importante de minorités, bien qu’elles ne soient pas forcément majoritaires. Et en Chine, des minorités il y en a officiellement… cinquante-cinq plus la majorité, les Han, ceux que l’on appelle communément « les chinois » mais qui sont eux-mêmes linguistiquement divisés, avec plusieurs dialectes, et plusieurs variantes régionales du chinois mandarin !

Nous nous trouvons donc dans la région autonome Ouïgoure de « Xinjiang ». Vous l’aurez compris, bien que l’on soit en Chine, la différence avec l’Asie Centrale n’est pas flagrante ! Il nous est même possible de parler avec le même vocabulaire que nous utilisions au Kazakhstan. Cette région est si vaste qu’à elle seule, elle est frontalière avec pas moins de huit pays et pas des plus petits : Russie, Mongolie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Afganistan, Pakistan et Cashemir Indien ! La partie sud de la région est composée du Désert du Taklamakan, le plus important au monde, ainsi que le pôle terrestre d’inaccessibilité, c’est-à-dire le point de la terre ferme le plus éloigné d’un rivage du Globe, situé dans le désert de Dzoosotoyn Elisen, second plus grand désert chinois.

Nous sommes depuis plusieurs dizaines de minutes en train d’attendre un véhicule, à l’ombre d’un arbre car la chaleur est cuisante dans cette région fin juillet, lorsqu’un véhicule fini par s’arrêter. En réalité, les deux chauffeurs de taxi à qui nous avons expliqué notre manière de voyager quelques minutes plus tôt grâce au document magique de Pierrick ont téléphonés à un ami qui n’est pas taxi mais qui passe par là pour lui demander de nous prendre au passage ! Et nous voila en voiture avec notre premier conducteur Ouïgour en Chine ! Vous apprécierez la qualité des tissus utilisés pour les sièges de la fourgonnette qui nous transporte maintenant…

Le conducteur nous déposera une centaine de km plus loin… à la gare de bus d’une ville sur notre route et s’énerve devant notre refus de prendre le bus ! Nous ne comprenons pas trop pourquoi, alors qu’il était plutôt sympa il remonte dans son camion en râlant, et repart en trombe. Nous sommes maintenant au milieu de la ville, heureusement, nous ne sommes pas encore dans les gigantesques villes Chinoises et nous quittons la ville en marchant une petite heure !

Nous reprenons le stop sur un grand axe qui mène directement à Urumqi, nous sommes à proximité d’un point de contrôle de charge des poids lourds géré par des policiers qui nous font signe de les rejoindre. Ceux-ci sont très amusés de nous voir voyager de cette manière, et souhaitent nous aider. Après nous avoir offert des fruits et de l’eau fraiche, ils finissent par arrêter un véhicule (Type 4×4) pour lui demander de nous prendre gratuitement, le conducteur accepte et nous conduira directement… à Urumqi! Où nous arriverons très tard ! Les « pauses-GPL » nous mettent gravement en retard. Ce sont des heures d’attente à chaque pause (tous les 200km environ)… Le véhicule de marque chinoise s’avère très inconfortable, les standards de taille ne sont pas les mêmes que les nôtres et l’assise est douloureuse après quelques heures… rien de terrible, mais j’espérais un peu mieux de ce 4×4 ! Nous arrivons en pleine nuit chez Kimberly, notre hôte C.S. à Urumqi, qui héberge déjà six autres voyageurs ! Elle dort d’ailleurs dans le salon, sur un canapé pour laisser sa chambre à un couple de voyageurs !!

Le lendemain cette fois-ci c’est clair, nous sommes en Chine ! L’immensité de cette ville en plein développement fait clairement rupture avec ce que nous avions connu ces dernières sem… ces derniers mois ! Mais partout, la culture Ouïgour est là, les petits restaurants dont les enseignes sont retranscrites en Arabe, les pains « Lipioshka », les lagmans,… Un restaurateur sera même enchanté lorsque je réponds machinalement « Larhmet », « merci » en Ouïgour, au lieu du Xié Xié chinois !

Nous passons quelques jours sur place, le temps de gouter quelques spécialités, de célébrer mon 25ème anniversaire, de découvrir de nouveaux fruits tel le “DragonFruit”, de visiter la ville dont les parcs, eux, sont clairement chinois, entre pagodes et chemins pavés le calme de ce premier parc visité en soirée ne reflète pas complètement la réalité de tous les parcs Chinois que je visiterai plus tard !

Nous découvrons aussi les premiers plats chinois, commandés au hasard sur des menus totalement incompréhensibles ! Sur-épicés ils vous font couler le nez et sachant que se moucher est parfois mal vu et considéré comme impoli… Comment faire? Cracher tout simplement ! Sans oublier de se racler la gorge bruyamment au préalable ! Tous les chinois ne sont pas de la même éducation à ce sujet, mais il n’est pas rare que dans les restaurants plus populaires, comme dans les rues, les gens crachent à même le sol ce qui n’est pas sans vous irriter les premières fois…

Notre route se poursuit ensuite vers Turpan, à 150 km à l’Est d’Urumqi, une des principales oasis qui jalonnaient la branche nord de la route de la soie, située au nord de la deuxième plus basse dépression du globe (-154m au point le plus bas) après celle de la mer morte. Cette ville est majoritairement Ouïgour et l’arabe est très présent sur les panneaux, publicités et enseignes!

Aucun mérite à celui qui lui attribua le surnom de « Four de la Chine » : la chaleur qui y règne est insoutenable, probablement aux alentours de 45°C-50° au plus chaud. Et le vent n’est pas là pour vous rafraichir, les courants qui émanent des vignes semblent… nous réchauffer lorsque l’on se ballade le long de celles-ci! La région produit énormément de raisin!

Nous partons malgré la chaleur visiter le Minaret d’Emin, érigé en 1777-1778, il a été réalisé par des artisans de la région qui n’utilisèrent que des matériaux locaux, bois et briques pour honorer les exploits d’un général issu de la ville. Le résultat est saisissant, la mosquée semble avoir été taillés dans le décor, la couleur des briques couleur sable et les formes et ornements inspirés par un style arabo-Ouïgour font de ce minaret, le plus haut de chine (44 mètres), un symbole de la mixité et de l’histoire de la région dans laquelle nous nous trouvons. Il fut érigé sous la dynastie Qing, dernière dynastie chinoise avant qui pris fin en 1912, pour laisser place à l’actuelle république de Chine.

Nous sommes effarés par les tarifs des billets d’accès dans les monuments et parcs ! Nous faisons demi-tour devant l’entrée du Parc au raisin qui a pourtant l’air très agréable à visiter, mais 10€ pour s’y balader une heure ou deux… non merci ! Demi-tour, repas dans un restaurant en plein air, à l’ombre des vignes où les enfants sont amusés de voir des étrangers et en profitent pour pratiquer leur anglais !

C’est une petite heure avant la tombée de la nuit que nous reprenons le stop , notre prochaine destination est Xining, et nous souhaitons dormir en chemin ! Un premier véhicule, plein, s’arrête. Les occupants insistent pour nous faire monter, nous refusons bien qu’à l’approche de la nuit et alors que l’on souhaite quitter la ville il est difficile de dire non. Mais qu’importe, monter à deux avec nos sacs dans un véhicule déjà plein ne nous tente pas, bien que les véhicules de cinq places semblent pouvoir contenir bien plus d’occupants dans cette région ! Alors que la nuit tombe un autre véhicule s’arrête, avec de la place cette fois-ci ! Un père et son fils : ils ne parlent pas un mot de chinois mais à l’aide de mon dictionnaire Anglais-Chinois le jeune adolescent nous écrit le mot suivant :

Incroyable, une fois de plus alors que l’on pensait dormir dehors, nous voilà en route pour Shanshan, où nous sommes hébergés par une très sympathique famille de trois personnes ! Le stop réserve toujours autant de surprises. Il est difficile de communiquer mais avec le dictionnaire, les mains et quelques photos nous arrivons à nous comprendre ! Après un repas en famille, le jeune adolescent dont je n’arrive pas à retenir le nom même après lui avoir demandé dix fois, nous conduit sur la place principale de la ville très animée à la nuit tombée entre musique, personnes qui s’adonnent à différents sports (Basket, Roller, etc), attraction pour les enfants,… Les gens préfèrent sortir à la nuit tombée plutôt qu’en journée pour éviter les fortes chaleurs !

Après une nuit dans une chambre climatisée, le père de famille nous emmène prendre un petit déjeuner en ville, lait de soja, you tiao (beignets non sucrés), Bao tze (pain vapeur à la viande), oeufs durs, le tout accompagné de pickles!

Il est difficile de leur expliquer que l’on ne souhaite pas prendre le bus pour quitter la ville, alors qu’ils insistent fortement pour nous le payer ! Alors que l’on marche sur la route principale en direction de l’autoroute, nous sommes suivis par l’adolescent qui essayera de nous payer un taxi en douce, le principe de l’autostop ne semble pas le convaincre plus que ça! Mais nous refusons, le remercions et continuons le stop! Nous trouvons quelques minutes plus tard un conducteur qui nous propose de nous déposer sur la bretelle d’autoroute vers Lanzhou. Prochain arrêt, Xining !

Retour au Kazakhstan – Kol Say Lakes

J’avais quitté le Kazakhstan un peu précipitamment après le trek avorté au Big Almaty Lake, et me retrouver à Almaty me fait très plaisir. Je connais la ville et j’y ai des amis! Être dans un endroit familier après plusieurs mois de voyage va me permettre de me reposer un peu.

Il me reste une dizaine de jours libres sur mon visa Kazakh, c’est juste ce dont j’ai besoin pour découvrir un peu la région avant d’entrer en Chine. Finalement pas question de retourner au Big Almaty pour y camper, je veux quelque chose d’un peu plus sauvage ! En faisant quelques recherches j’entends parler des Kol Say Lakes, trois lacs perdus dans les montagnes à l’Est de la ville. Difficile d’obtenir des informations précises au sujet de ces lacs, et difficile aussi de trouver le nom d’un point de départ pour le trek.

Heureusement Andrey, un ami Kazakh que j’ai rencontré lors de mon premier passage ici, en sait un peu plus et me donne quelques informations à ce sujet. J’ai revu Andrey après un mois au Kirghizistan. Les photos et les récits que je partagerais avec lui, qui m’avait un peu mis en garde au sujet de ce pays, lui donnent à ce moment là envie de voyager. Aujourd’hui il est quelque part en Asie du Sud Est, il a traversé toute la Chine en “routard” après avoir fait une demande de congés prolongés à son employeur…

J’ai donc maintenant un peu plus d’informations, c’est à dire que je connais le nom du village où il faut que je me rende pour m’approcher du point de départ du trek. J’ai prévu de m’y rendre seul, mais je poste à tout hasard et sans grands espoirs une annonce sur le site Couchsurfing dans laquelle je propose un trek de trois jours dans les montagnes du Kazakhstan le tout sans informations très précises…

Et pourtant, je reçois un message d’un membre du site, et ce message est… en français ! Pierrick, un strasbourgeois qui s’est lancé le défi de rallier Shanghaï en stop depuis l’Alsace, le tout… en 2 mois seulement, souhaite m’accompagner! Dans la même journée je rencontre, par le biai d’amis communs, Delishka, une Allemande en stage à Almaty, qui souhaite se joindre à nous pour apprécier les paysages de cette région qu’elle n’a guère eu le temps de découvrir jusqu’alors.

Suivre un inconnu, dans des montagnes inconnues, sans carte, dont la ville de départ n’apparait pas sur google map, avec très peu d’informations, ces deux personnes m’épatent d’entrée!

C’est avec Pierrick que nous trouverons finalement le lieu où chaque matin un Mashroutka part pour “Satı”, point de départ mystérieux du trek.

Six heure du matin, dans une rue aux abords de la gare, nous attendons le départ, le chauffeur attend de faire le plein pour prendre la route. Et ce chauffeur là n’attend pas seulement le plein, mais la surcharge! Le véhicule est plus qu’inconfortable, nous qui pensions finir de nous reposer durant le trajet… Je suis sur un siège pliant dont la mousse s’est enfuie il y a longtemps pour laisser le passager apprécier la structure en fer et ce n’est rien comparé à Pierrick qui est assis sur un tabouret en fer fait maison sans dossier… Surchargé, dans une chaleur étouffante, le voyage prend encore une autre tournure lorsque, après une courte pause, tous les occupants on fait acquisition de très nombreuses pastèques et de kilos de fromage séché…

Mais tout le monde reste souriant, il n’y a guère que moi qui peste un chouia, lorsqu’une vieille dame me met sa dernière pastèque dans les mains parce qu’elle ne sait quoi en faire… Celle-ci insiste pour prendre ensuite une photo avec moi! Ici, malgré l’inconfort, les passagers restent souriants et sont très probablement plus simplement heureux, eux, éduqués à la vie en société, ne réagissant pas en consommateur en toutes les situations.

Alors que le voyage touche à sa fin, un jeune garçon se met à piquer une colère et décide de taper sa mère. Je l’attrape et lui dit quelques mots en Franglais, qui n’enlèvent rien à sa comédie mais qui toutefois le font revenir sur sa décision d’en venir aux mains.

Lorsque nous arrivons à Satı, cette jeune mère de famille nous propose de nous faire conduire au lieu de départ du trek par son mari. Mais avant elle insiste pour nous inviter chez elle pour y prendre un repas, nous acceptons. Son mari occupe de temps en temps un poste de guide dans la région et alors que nous mangeons en famille du poulain en sauce absolument délicieux, il nous annonce que nous allons rejoindre le premier lac… à Cheval!

Les chevaux sont dressés à la perfection et très puissants, bien plus robustes que ceux avec lesquels j’ai trekké 3 jours dans les montagnes au sud du Issyk kul, nous suivons des chemins, puis nous en traçons dans les hautes herbes suivant le guide qui nous conduit à travers le paysage, loin de la route que nous aurions probablement suivie sans lui…

Nous arrivons sur une colline, depuis laquelle nous pouvons voir , en contrebas, le premier lac, bleu turquoise bordé par des montagnes, mais la nuit approchant, nous décidons de monter un peu plus haut pour aller trouver un endroit où camper, nous passerons la nuit sous les sapins. Il a plu récemment et tout est trempé, il nous faut fouiner dans les buissons sous ces même sapins pour trouver quelque chose de sec à brûler pour démarrer le feu.

La nuit ne sera pas très reposante, le terrain est légèrement en pente, et de nombreuses racines se dessinent à la surface de la terre. Nous sommes donc réveillés toutes les heures car en bougeant nous avons fini par atterrir sur l’une d’entre elle et nos dos n’aiment pas ça…

Bref. Le lendemain matin ce n’est pas la grande forme avant le départ pour la marche. Mais nous avons de la chance, le temps est ensoleillé! Nous dévalons la première pente et contournons un tout petit village de “vacances” totalement désert et plutôt ancien, qui débouche sur l’entré du parc national. Il faut signaler son entrée car pour visiter ou dormir dans le parc, il faut payer.

S’en suis une marche de plusieurs heures depuis la rive du première lac, juste sublime, vers le second, où nous arrivons une petite heure avant la tombée de la nuit.

La fatigue et l’effort subliment le spectacle offert par le lieu. Une aire de “camping” a été aménagée il y a bien longtemps, mais celle-ci reste très confortable, terrain plat, zone de feu, il y a même des bancs fait avec les moyens du bord. Le lieu reste désert et ce confort ne dénote pas avec le paysage. C’est plus que ce que nous attendions après la longue marche à travers la forêt.

La nuit approche, nous installons le bivouac et alors que je prépare le feu, je saisi par inadvertance une barre métallique chauffée par la braise… Je me brûle le pouce et l’index de la main gauche comme jamais, la surface de la barre métallique est imprimée sur mes doigts! Fort heureusement l’eau froide du lac dans laquelle je trempe mes doigts durant de longues minutes et un stick à lèvre permettront d’en limiter la gravité! Loin de toute commodité, ce genre d’incident fait prendre conscience de la réalité dans laquelle nous sommes! Il fait nuit, nous sommes perdus dans les montagnes, à six heures de marche de la première route depuis laquelle il faut une dizaine d’heures de transport pour atteindre la ville… Pris dans l’action, on oublie parfois qu’ici un petit problème peu rapidement devenir grand!

Le lendemain matin, deux choix s’offrent à nous: essayer de rejoindre le troisième lac sans carte, ou escalader l’une de collines environnantes pour admirer le paysage. Delishka est fatiguée de la deuxième nuit durant laquelle elle a eu froid et ne souhaite pas s’aventurer plus loin. Nous laissons donc nos affaires au camp où elle reste et partons, avec Pierrick, à l’assaut d’une colline. Vu du camp, cela semble être une promenade de santé! Mais lorsque nous commençons l’escalade, c’est une tout autre chose, la pente est très abrupte, le chemin est parfois accidenté, parfois inexistant ! Il nous faut alors traverser des zones de très hautes herbes dans lesquelles se cachent toutes sortes d’insectes et dans lesquelles nous trébuchons parfois tant il est impossible de voir où l’on met les pieds. Nous passons quelques minutes au sommet puis nous redescendons suivant notre chemin précédemment tracé, droit dans la pente.

De retour au bivouac, nous décidons de nous risquer à nous baigner avant de prendre le chemin du retour. L’eau glaciale du premier lac ne nous a pas permis d’y nager, engourdissant nos jambes jusqu’à la douleur en quelques secondes à peine, mais nous arrivons à passer quelques instants dans le second, pourtant situé à une altitude 400m plus élevée que le premier et très froid, il est moins profond et c’est probablement la raison de la différence de température. Après l’escalade sous la chaleur accablante, au milieu des montagnes kazakhes, c’est un pur bonheur.

Nous devons maintenant retourner à Satı, sans cheval cette foi-ci! Fatigués de la marche, je tente le stop au milieu des montagnes lorsqu’un tracteur arrive à notre hauteur! Il accepte de nous faire monter dans la benne qu’il tracte… pleine d’ordures! Un lift plutôt inattendu pour cette fin de trek!

Nous passons une dernière nuit dans une “maison d’hôte” de “Satı” que nous avons finalement trouvé puisque le conducteur du tracteur nous y déposera, et reprenons le Machroutka direction Almaty le lendemain matin aux alentours de cinq heure.

Me voila de retour à Almaty pour la dernière fois de ce voyage! Ma prochaine destination c’est l’Empire du milieu, et comme Pierrick et moi avons le même trajets pour les 3000 prochains kms,et que nous utilisons le même moyen de transport, l’autostop, nous décidons de voyager ensemble ! Nous quittons donc Almaty le surlendemain, aidé par notre hôte, Nazh Sayli, qui nous fera conduire en voiture de société à l’extérieur de la ville, merci à lui! Et nous commençons le stop pour rejoindre la frontière Chinoise.

A travers les paysages arides et les rencontres avec les conducteurs Kazakhes nous arrivons à la frontière dans la soirée. Celle-ci est fermée, car nous l’atteignons tardivement bien que le stop ait fonctionné à merveille.

Le matin suivant, nous nous présentons au premier poste frontière. Derrière ces kilomètres de barrières et de barbelés, impossible de voir la Chine tant la frontière entre ces deux pays est large, mais elle est bien là, à quelques kilomètres de nous et d’ici une heure ou deux, nous pourrons en fouler le sol… si un bus accepte de nous prendre, puisqu’il est impossible de la traverser à pied!

L’Asie Centrale me manque déjà, mais j’y reviendrai!

Ош

J’ai passé un mois au Kirghizstan. J’avais prévu d’y rester deux semaines maximum mais une fois entré, il m’a été difficile d’en sortir! Et malgré un mois sur place, je suis très loin d’avoir fais le tour des choses à visiter, à voir, à vivre ici bas!

Avant d’apprécier l’Ouest du Kirghizstan, où je souhaite me rendre aussi vite que possible, je dois m’occuper de mon visa Chinois! Il me faudra 4 jours pour obtenir tous les papiers à l’exeption de la lettre “d’invitation” qui se trouve être l’un des plus importants… Ben oui, vous comptiez entrer en Chine sans y être invité? Bref, encore une bonne raison de perdre 70$. Il me faut quelques jours avant que “Miss Liu”, une chinoise installée à Bishkek et qui a fait “d’inviter les gens dans l’empire du milieu” son business, me propose de prendre en charge mon dossier gratuitement, alors que cela coute normalement 50$, après que je me sois agacé des retards cumulés pour son obtention. Je lui laisse donc mes documents et le lendemain matin, je file à la gare pour prendre un Mashroutka direction: Och!

Je ne ferais pas d’autostop pour m’y rendre en raison du retard que j’ai pris en essayant d’obtenir cette maudite lettre d’invitation que je n’aurais même pas l’occasion de voir puisque tout se fera finalement sans moi…

Le lendemain matin, me voila dans le matrouchka, sur la route vers l’ouest… ou presque, car ici les Mashroutkas attendent d’être plein pour partir, et il n’y a pas de réservation ou de remplissage des véhicules un par un, c’est au petit bonheur la chance. Certain conducteur “volent” les clients des autres ce qui déclenche souvent de grosses disputes pouvant terminer avec les mains… Bref, à 12h, nous voila enfin parti! Après une centaine de kilomètres sur une route pltôt monotone, nous arrivons sur une route montagneuse tout simplement magnifique, qui suit une large rivière d’eau turquoise entre les montagnes tantôt désertiques, arrides et rocailleuses tantôt couvertes de verdures ou de forêt! Je rappellerais à deux ou trois reprises le conducteur à l’ordre alors qu’il se laisse aller à une conduite un peu trop “Kirghize” pour moi…

En effet après la “rigueur” des conducteurs Kazakhes (D’Almaty) les Kirghizes obtiennent facilement la palme des conduteurs parmis les plus dangeureux au monde! Malgré tout très compréhensifs, il suffit généralement de leur demander d’être plus prudent pour qu’ils s’executent, parfois en râlant un peu. L’avantage lorsque l’on paye pour se faire transporter c’est qu’on peut être exigeant, alors qu’en stop, pas question de rappeller le conducteur à l’ordre même si certains en auraient bien besoin!

Och est une ville dont l’âme est plus d’Orient que d’Asie. Agée d’au moins 3000 ans la date d’établissement de la ville est inconnue mais attribuée à divers personnages de l’histoire tel que le roi et prophète Salomon (Sulayman) Son nom à d’ailleur été emprunté pour baptiser la montagne qui se dresse au beau milieu de la pleine sur laquelle est érigée la ville: Le thrône de Salomon (Solomon’s Throne). Cette montagne est sacrée pour les musulmans de cette région qui la considère comme un très important lieu de pèlerinage, au même titre que la Mecque bien que le côté “sacré” du lieu soient un peu terni par les centaines de tags sur les rochers au sommet.

Le lieu n’en reste pas moins fascinant, et le couché de soleil est superbe depuis le sommet des rochers, la seule hauteur de la ville!

La ville est aussi située dans une zone aride du pays, ce qui lui renforce sont caractère oriental, son bazar étendu sur plusieurs kilomètres le long d’une petite rivière est assez agreable même si mon préféré reste celui de Bishkek, qui porte d’ailleur le nom “d’Osh Bazar” . J’y trouverais les légumes et épices nécessaires pour cuisiner une ratatouille à Asel, mon hôte, et ses amis Zarah, une suissesse et Ruslan pour les remerciers de m’avoir fais découvrir les spécialité de la région tels que le Charchliks (Brochette de viande servie avec de la sauce tomate et des oignons frais), le Osh dumpling (Ravioli à la viande fait de pate brisée cuite au four), et le Plov (Riz au carottes, au mouton qui se mange accompagné d’une salade Fraiche), …

Zarah est en Stage dans la région et grâce à son aide, je pourrais aller visiter Uzgen, en prenant place à bord d’une des voitures de l’organisation pour laquelle elle travaille. Uzgen est une petite ville agée de 2000 ans, elle fut batie comme de marché et point d’approvisionnement de la route de la vallée de Ferghana jusqu’à Kachgar. Avant de devenir des années plus tard la seconde capitale fondée par les Qarakhanides, une dynastie d’origine turque qui régna près de 350 ans sur l’asie centrale. Au abords du bazar de cette petite ville se trouve des monuments batis par les Qarakhanides: un mausolé et un minaret. Impossible de visiter le mausolé, mais le minaret est ouvert pour les visites et alors que je suis à l’intérieur avec plusieurs gamins kirghizes qui jouent dans les escaliers, le gardien décide de prendre sa pose déjeuné et pour éviter les resquilleurs il cadenasse la grille qui permet d’entrer dans le monument… ou d’en sortir! Je passerais donc trois quarts d’heure dans ce merveilleux monument, et bien qu’un peu agacé, être enfermer dans ce genre de monument c’est aussi une autre manière de l’apprécier!

Difficile de décrire mon sentiment sur ces quelques jours au milieu d’une asie centrale bercée d’Orient et d’Asie. L’environnement enseigne bien des choses qu’aucun mots ne saurait décrire avec assez de force et de précision. L’ardeur du paysage, les gens qui ne vivent qu’au présent dans une vie bien plus difficile mais plus simple, dont chaque jour est un accomplissement, les odeurs dans le bruit qui, parfois vous attirent, parfois vous révulsent. Tout retranscrit finalement très bien le milieu ou l’on se trouve. Dans cette vie qui ne transpire pas la bienveillance, où personne n’abandonne la connaissance à l’espoir et au jeu, à la manière de l’actuel occident. Dans une réalité que nous tendons à oublier, où l’isolement de l’inconfort est devenu une norme, un métier, nous nous asseyons petit à petit sur le fait que dans la vie finalement peut importe l’issue et la chance, ce qui compte et ce qui vous rend heureux c’est l’intention, l’effort et la determination, et non l’attente et les réclamations!

La crise systémique que vit l’occident se lit d’une autre manière d’ici assis sur mon banc sous l’agressif soleil d’asie centrale dans le tout petit parc où je me trouve, quelques personnes me dévisagent assis à quelques mètres de moi, peu d’étrangers dans ce coin du monde, mais qu’importe ici on a pas peur d’un inconnu, on lui sourit et si l’on est pas trop timide, on le salue.

Je passerais bien quelques jours de plus dans cette région du monde mais surtout, une fois ici, je n’ai plus qu’une envie, passer la frontière Ouzbek pour explorer plus profondément cette région. Mais mon passeport est à Bishkek, probablement garni d’un visa Chinois. Samarcande, Buhkara et les autres villes d’Ouzbekistan attendront, je repars vers le nord Est, j’ai prévu de repasser au Kazakhstan avant de filer en Chine.

Bye bye Kirghizstan, tu vas me manquer!

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