Issyk Kul – Canyon et retour à Balykshy

Trois jours à cheval dans les montagnes, et nous voila de retour à Bokombaevo. A peine tristes que cette magnifique ballade prenne fin puisque nous retrouvons le Issyk Kul qui nous avait presque manqué… La beauté des paysages, les rencontres, la découverte de la vie des bergers Kirghizes, la sensation de liberté lorsque le cheval galope dans les plaines verdoyantes sont gravées dans nos mémoires à jamais!

Dans la soirée, Joki nous jouera un air de “komuz” (guitare Kirghize) avec sa femme. Le Komuz de Joki a été abimé par la petite Eve, malgré tout il arrive à nous jouer quelque chose de très correct, accompagné de sa femme qui chante, le son de l’instrument frise un peu…

Dernière journée à Bokombaevo, nous passons une partie de l’après midi à visiter un Canyon 20 km à l’est de la maison de Joki sur la côte. Les enfants de Joki sont ravis de s’y rendre pour la première fois, eux aussi.

L’endroit est magnifique, le sable, les roches couleur corail reflètent l’aridité du lieu alors que du sommet des collines il est possible d’apercevoir le lac qu’on a du mal à imaginer si proche… debout sur un des rochers brulants, écrasé par la chaleur du soleil, l’arrière plan bleu du lac qui se confond avec le ciel parvient presque à me rafraichir.

Depuis cet endroit, si différent une fois de plus des autres paysages que m’a offert ce lac depuis mon arrivée sur ses rives, je ne peux m’empêcher de penser aux propos d’Alain sur le voyage:

[blockquote]En ce temps de vacances, le monde est plein de gens qui courent d’un spectacle à l’autre, évidemment avec le désir de voir beaucoup de choses en peu de temps. Si c’est pour en parler, rien de mieux ; car il vaut mieux avoir plusieurs noms de lieux à citer ; cela remplit le temps. Mais si c’est pour eux, et pour réellement voir, je ne les comprends pas bien. Quand on voit les choses en courant elles se ressemblent beaucoup. Un torrent c’est toujours un torrent. […] La vraie richesse des spectacles est dans le détail. Voir, c’est parcourir les détails, s’arrêter un peu à chacun, et, de nouveau, saisir l’ensemble d’un coup d’œil. Je ne sais si les autres peuvent faire cela vite, et courir à autre chose, et recommencer. […] Pour mon goût, voyager c’est faire à la fois un mètre ou deux, s’arrêter et regarder de nouveau un nouvel aspect des mêmes choses. Souvent, aller s’asseoir un peu à droite ou à gauche, cela change tout, et bien mieux que si je fais cent kilomètres. Si je vais de torrent à torrent, je trouve toujours le même torrent. Mais si je vais de rocher en rocher, le même torrent devient autre à chaque pas. Et si je reviens à une chose déjà vue, en vérité elle me saisit plus que si elle était nouvelle, et réellement elle est nouvelle. Il ne s’agit que de choisir un spectacle varié et riche, afin de ne pas s’endormir dans la coutume. Encore faut-il dire qu’à mesure que l’on sait mieux voir, un spectacle quelconque enferme des joies inépuisables. […]

Alain, Propos sur le bonheur, 1906[/blockquote]

Le soir venu, Joki nous informe qu’une célébration à lieu, ce même jour, dans la famille de sa femme pour célébrer une naissance et que nous y sommes conviés. Nous voila finalement reconduits en voiture gratuitement par notre guide jusqu’à Balykshy pour participer à une fête de famille Kirghize! C’est là toute la magie de ces pays mal connus et préservés du tourisme, bien qu’il faille payer pour les basiques, on est rapidement plus un ami qu’un “client”.

Après deux heures de route dans la petite voiture de Joki, nous arrivons chez la soeur de Bouroule. A la fois curieux, chaleureux et timides les membres de la famille nous feront rapidement nous sentir à l’aise.

Débordante de friandises, beignets et salades en tout genre, la célébration au Kirghizstan commence avec une table donnant une impression d’opulence. Mais curieusement tout est végétarien…

Gare à ceux qui ne connaissent pas les coutumes (nous en l’occurrence…), car après avoir gouté à tout ce qui se trouve sur la table difficile de ne pas être repu, mais il faudra encore manger le “Besparmak” plat dont le nom signifie littéralement “les cinq doigts de la main” faisant référence à la manière de le manger. Après deux heures de cuisson dans une grande gamelle, arrive la viande! Un mouton complet, coupé en morceau et bouillit. C’est alors l’agitation dans la maison, car ce repas se prend traditionnellement à même le sol.

Il faut retirer la table, disposer une nappe par terre, tout le monde prend place, en cercle chacun à alors le droit à son morceau de viande et des noodles qu’il faut ensuite manger à la main. C’est loin d’être simple… Mais la viande de mouton du Issyk kul, tient une fois de plus ses promesses. Naturellement salée par l’eau que boivent les animaux (celle du Issyk kul), et très tendre, c’est tout simplement un régal… lorsque vous avez le droit à un morceau de muscle, et non de gras… ou autre!

Nous dormirons deux nuit dans la famille de Bouroule avant de reprendre la route vers Bishkek nous profitons de notre présence à Balykshy pour faire un saut chez Jakou, que nous avions rencontré lors de notre premier passage à Balykshy, et lui remettre quelques photos que nous avons fait imprimer pour l’occasion. Après un ultime thé chez Jakou nous quittons la rive du Issyk Kul, retour à Bishkek en marchroutka. Une chose est sûre, cet endroit va me manquer!

En arrivant à Bishkek, je dis au revoir à Yogo que je ne reverrais probablement pas jusqu’à mon retour, ou plutôt son retour en France car nous avons dorénavant des itinéraires différents.

L’aventure en solo commence pour de bon cette fois-ci, au beau milieu de l’Asie centrale!

Issyk Kul – A cheval dans les Montagnes du Tian Shan

En arrivant à Bokombaevo, nous rencontrons un guide de montagne, “Joki”, il nous propose un tour à cheval de 3 jours dans les montagnes. Il nous propose de nous héberger durant deux jours avant la ballade et trois jours après, dans sa petite maison, au bord du lac, sur une plage quasi-privée, avec sa famille! Résumé photos de ces quelques jours.

Sept jours en montagnes riches en rencontres et expériences, chutes, découvertes culinaires, rencontres de gens qui n’avaient jamais vu de blancs avant nous…

Issyk Kul – De Balykchy à Bokombaevo

Nous sommes à l’Ouest du lac et nous marchons le long d’une route qui fonce vers le sud du pays. Attraper celle qui longe la rive sud du lac ne devrait pas nous prendre trop de temps !

Après notre mésaventure boueuse, nous souhaitons rapidement rejoindre le rivage pour y rincer nos affaires! Mais c’est sans compter sur le large détour que fait la route pour éviter la zone marécageuse…

Après une heure de marche, un véhicule s’arrête quelques mètres devant nous. Le conducteur en sort avec un grand sourire et nous fait signe de monter! Alors que nous ne faisions pas de stop, en raison de notre état, il s’arrête de lui même pour nous aider! Lui et sa femme ne parlent pas un mot d’anglais, mais Yogo transporte avec lui un document rédigé en Russe, expliquant son voyage, avec ce papier et quelques gestes, le conducteur comprend que nous souhaitons nous rendre sur la rive sud et nous dépose au croisement quelques kilomètres plus loin, ravi de nous avoir aidé dans notre périple, avant de continuer sa route vers le sud.

Si nous avons choisi la rive sud du lac, ce n’est pas par pur hasard. Les soviétiques ont développés quelques stations balnéaires le long de la rive nord, et celles-ci attirent des touristes Russes et Kazakhs. A l’inverse, la rive sud est restée sauvage et peuplée principalement de villageois vivants à travers leurs traditions et est donc plus authentique !

La même situation se répète quelques kilomètres plus loin, nous marchons et un conducteur s’arrête de nouveau alors que nous ne faisons pas de stop ! Celui-ci nous dépose directement à Ottuk, premier village sur la route sud du lac. A peine déposés, nous courrons à l’eau ! Mais ici la rive est toujours terreuse, résultat la plage est un peu marécageuse et l’eau est trouble et pleine d’algues. Nous nous baignons tout de même et surtout, nous en profitons pour laver nos affaires.

Le temps se fait soudain menaçant, nous reprenons la route mais nous décidons de ne pas faire de stop, nous nous en remettons à la sympathie des conducteurs kirghizes ! Si quelqu’un s’arrête de lui-même nous irons en voiture (ou autre), sinon nous irons à pieds !

Après avoir fait quelques courses dans une toute petite boutique à Ottuk, nous marchons le long de la route. Les paysages défilent et ne se ressemblent pas tellement, entre zones désertiques, champs d’agriculture vivrière, collines et constructions en terre, où que notre regard se pose, il y a quelque chose de nouveau à contempler.

Nous croisons un jeune garçon à cheval et il accepte de nous le prêter quelques minutes pour que nous nous y essayions. Hormis cela, la fin de journée se fera à pied. Très peu de véhicules et aucun ne s’arrête. Heureusement, les gros nuages noirs et menaçants se sont enfuis vers le nord, traversant le lac pour aller masquer les montagnes et la rive opposée. La rive nord connait un climat moins clément en règle générale, et cela semble se confirmer !

De retour sur la route, la nuit s’approche, nous cherchons un endroit pour dormir et apercevons une ferme. Comme Yogo n’a pas emporté de tente avec lui, nous décidons d’aller demander s’il est possible de dormir à l’abri quelque part dans une annexe, une ancienne grange ou autre… Alors que l’on s’approche, deux gros chiens courrent en notre direction, en aboyant de toute leur force. Intimidés, nous nous arrêtons à une quinzaine de mètres de la petite maison d’où sort une dame quelques instants plus tard, alertée par le bruit.

Elle semble surprise de nous voir, mais une fois de plus grâce au document magique de Yogo, il est très simple de lui expliquer ce que nous faisons là, elle n’a qu’a lire le texte en Russe (Langue parlé dans une bonne partie de l’Asie centrale). Nous souhaitions dormir dans un des vieux bâtiments qui entourent la maison, mais elle nous propose finalement de dormir dans sa maison. Nous voila on ne peut plus immergés dans la réalité de la vie sur les rives de ce superbe lac.

Elle nous invite à entrer à l’intérieur de la maison. Le confort y est très sommaire, table, banc, un meuble pour la vaisselle, pas de place pour le superflu, pas le temps non plus ! Ses enfants sont partis vivre en ville, et son mari étant probablement décédé, elle vit seule ici et notre compagnie semble lui faire plaisir. Nous savourons un bol de lait chaud, du pain et du beurre maison qu’elle nous offre, un repas simple et adapté à la vie de tous les jours, sans extras. La qualité des produits en fait quelques choses de particulier pour nous qui n’avons l’habitude, entre autre, que des beurres industriels sans goût, mais pour elle, c’est la routine…

Pour la remercier de son hospitalité nous l’aidons dans les tâches qui restent à faire pour la soirée : rentrer les animaux, préparer les vaches pour la traite, séparer la crème du lait fraichement récolté à l’aide d’une petite machine rudimentaire mais efficace, aller chercher de l’eau à la rivière qui s’écoule à 100 m de la maison… Ici la vie est rude ! Et je n’ose pas imaginer l’hiver, lorsque les températures tombent dans le négatif…

Après une nuit à l’abri et quelques photos souvenir avec la fermière, nous continuons notre chemin. En arrivant aux alentours de Kala-Tala, la terre a laissé place au sable le long de la rive qui est maintenant séparée de la route par de vastes steppes arides. Nous rejoignons le bord de l’eau devenue claire et limpide et suivons le rivage sur plusieurs kilomètres se baignant à plusieurs reprises dans l’eau fraiche du Issy kul!

Nous rattrapons ensuite la route principale et la suivons jusqu’au croisement avec une piste menant vers le Salt Lake ! Après un petit repas dans un magasin qui s’improvise restaurant juste pour nous, nous arrivons au panneau qui indique la direction à prendre pour rejoindre le Salt Lake. Sur le même principe que la mer morte, le Salt Lake est un lac mort, détaché de l’Issyk kul, qui s’assèche et devient de plus en plus salé, modifiant dans le même temps la densité de l’eau ! Nous souhaitons nous y rendre ! Un conducteur nous y conduira sans que nous ayons besoin de faire du stop. La route s’éloignant du rivage pour contourner des collines, il faut suivre une piste sur 11 kilomètres dans une large gorge pour rejoindre la rive du Issyk kul, le salt lake étant à proximité de celle-ci ! Nous commençons la marche sous un soleil de plomb, mais au fur et à mesure que les kilomètres défilent de gros nuages assombrissent le ciel, et la pluie ne se fait pas attendre très longtemps ! Heureusement, après deux heures de marche, nous atteignons un petit village sur la rive du Issyk kul, et il nous est possible de nous mettre à l’abri sur le pas de porte d’une maison apparemment vide !

Nous sommes un peu fatigués, il nous reste entre un ou deux kilomètres pour atteindre le lac salé, mais le temps ne nous encourage pas à continuer. Nous passons un moment assis à l’abri dans ce village peu accueillant. Nous n’avons plus d’eau, il nous faut de nouveau trouver un endroit où dormir à l’abri, mais ici, pas question de compter sur l’hospitalité des locaux, la zone est « touristique » car le lac salé est une petite attraction, du coup, Russes, Kirghizes et Kazakhs viennent s’y baigner pour profiter de ses vertus pour la peau. Ici « touristique » ne signifie pas « foule », la zone semble même plutôt déserte, mais l’activité économique est très faible dans ce coin, et les quelques personnes qui viennent ici par semaine suffisent à créer une activité touristique.

Après avoir essuyé plusieurs refus, pour le gîte, le coucher ou tout simplement pour un peu d’eau, je suis agacé et l’envie de quitter la zone me prend… Heureusement, Yogo insiste pour aller demander à une maison un peu plus loin, toute proche de la rive du Issyk kul. Je le suis, pour y arriver, il faut traverser un « pont » plus que rudimentaire, qui est en réalité une sorte de reste de structure métallique agricole sur lequel ont été disposées (mais non fixées) diverses planches de bois ou de métal. En arrivant, première bonne surprise une femme parle anglais, et première mauvaise surprise, c’est une maison d’hôte, comme les autres il est possible de rester, mais il faut payer. Dépités, nous n’avions pas envie de payer l’hébergement par ici, mais le mauvais temps, l’heure tardive et la fatigue nous poussent à accepter. Bien sur nous négocions et obtenons un prix de 4,2€/personne pour la nuit, le diner et le petit déjeuner ce qui est finalement plutôt raisonnable…

Ici les gens ne consomment que l’eau de la rivière qu’ils font bouillir avant de boire. Je ne suis pas fan de boire l’eau d’une rivière à son embouchure, mais pas le choix. La chaleur tuera les microbes, et nous espérons que personne n’ai lavé son linge en amont…

La maitresse de maison prépare des lagmans, nous pourrons voir la préparation de ces gros spaghettis, fait à la main à partir d’une pâte que l’on étire autant que possible avant de la plonger dans de l’eau bouillante et servi avec divers accompagnement à base de viande ou autre…

Après un bon repas, direction le lit, crevés, avec le temps qu’il fait, c’est la meilleure chose que nous puissions faire.

Le lendemain, le soleil est de retour et le paysage se révèle sous un jour totalement différent. Avec le soleil, la petite baie que surplombe la maison où nous sommes est paradisiaque!

De bon matin, après une baignade dans la baie, nous nous rendons au lac salé en suivant la fin de la piste qui nous a conduit ici et qui longe maintenant le lac. Juste avant celui-ci un petit village à été construit pour les “touristes”. Au bout du village, une barrière et un homme qui nous demande de l’argent pour passer et accéder au lac. Cela ne semble pas très officiel, et nous ne savons pas s’il sagit d’une escroquerie ou non. Nous refusons de payer, et l’homme nous laisse finalement passer contre la promesse que nous n’irons pas nous baigner… Mais bien sûr! Cinq minutes plus tard nous sommes en maillots de bain, prêt à sauter dans l’eau! La densité de l’eau étant plus élevée, il est très facile de flotter, faire la planche sur le dos ou sur le ventre. La pression sur la cage thoracique est plus forte et par conséquent la respiration est un brin plus fatiguante.

Lorsque l’on sort de l’eau, le sel cristallise sur notre peau et il est impossible de se rincer immédiatement. Se ré-habiller plein de sel, quel bonheur! Nous quittons le lac par les dunes pour ne pas repasser par la barrière et son “gardien” qui pourrait être n’importe qui…

Nous retournons toutefois au “village”, il est environ 13h nous avons faim, et nous souhaitons savoir s’il est possible de manger sur place. Celui-ci est composé principalement de yourthes à louer pour les touristes, mais un petit bâtiment en dur semble être un restaurant. En nous approchant, nous constatons que c’est bien un restaurant, mais qu’il est fermé. Nous faisons demi tour mais quelques secondes plus tard, un homme arrive en courant derrière nous et nous fais signe de revenir. Il nous ouvre la porte, derrière laquelle, dans une petite salle pleine de courant d’air se trouve quatres tables. Nous prenons place alors que l’homme repart en courant pour aller cherche la cuisinière… Celle-ci arrive deux minutes plus tard et nous demande ce que nous souhaitons manger. Il n’y a pas de menu, et les gens ne parlent pas anglais… Nous décidons alors de procéder autrement. Nous donnons chacun 120 Som ( Monnaie Kirghize, environ 2,10€) et laissons la cuisinière nous préparer ce qu’elle veut. Nous aurons donc le droit à une salade “Concombre – Tomate” mais surtout, nous mangerons un délicieux Dimlama végétarien accompagné de thé vert ou noir à volonté ! Un vrai régal!

Nous passons le reste de l’après midi à la plage, mais nous nous séparons, chacun son kilomètre de plage déserte, histoire d’apprécier le calme, la quiétude du lieu et de savourer notre privilège…

Lorsque nous quittons le lieux le surlendemain, nous sommes un peu tristes de quitter un tel endroit, mais nous savons que d’autres expériences nous attendent plus loin!

Nous serons très chanceux sur ce dernier morceau de route qui nous sépare de la première “grande” ville, un premier véhicule nous évitera 8 km de piste, puis un camion et une voiture se relayeront, nous laissant à peine le temps de marcher, avant d’arriver rapidement à Bokombaevo!

Issyk Kul – Hospitalité Kirghize

Je suis avec Yogo, nous marchons le long de la route qui devrait nous mener à ce lac que nous sommes si pressé de découvrir ! Après trois heures de Machroutka, nous sommes maintenant à « Balykchy » petite ville située à l’extrémité ouest du lac.

La ville est déserte, le long de la route qui semble se perdre à l’horizon se suivent de nombreuses petites maisons d’un seul étage et blanchies à la chaux. La ville semble vide, pas de vie derrière les petites fenêtres aux volets bleus, écaillés par le temps. C’est probablement l’ambiance qui règne qui me donne cette impression, le manque de couleurs dans ce décor trop clair, poussiéreux et entouré de vastes étendues de plaines désertes et rocailleuses qui s’élancent sur les montagnes en arrière plan. Pourtant ce gigantesque lac ne doit pas être loin, à quelques centaines de mètres tout au plus ! Probablement derrière une ou deux rangés de maisons adjacentes, qui nous barrent la vue !

Effectivement, quelques instants plus tard, en jetant un œil dans une rue perpendiculaire, j’aperçois une étendue d’eau et une plaine verdoyante à 200 m de nous environ, nous touchons au but! Nous nous engageons dans cette petite rue non goudronnée qui débouche sur une voie de chemin de fer sur laquelle joue des enfants et derrière laquelle se trouve la rive ouest du Issyk Kul ! Nous rejoignons rapidement la très petite plage, toute proche, les instants suivants se passent de commentaires, la vue perdue dans l’horizon montagneux entre ciel azur, et l’eau claire de ce lac tout simplement magnifique !

Plusieurs locaux sont encore sur le sable à profiter des derniers rayons de soleil en contemplant le lac, il est trop tard pour s’y baigner, le soleil commence effleurer la cime des montagnes et nous ne savons pas où dormir et ça va rapidement devenir notre priorité. Je mets toutefois ma main dans l’eau pour en apprécier la température en vue de futures baignades et malgré l’altitude (1600 m), l’eau n’est pas si froide, même carrément agréables pour les amateurs d’eau fraiche ! Son nom « Issyk kul » ou « Ysyk-Köl » en kirghiz (Ысык-Көл) signifie d’ailleurs lac chaud car il est légèrement salé et ne gèle pas en hiver. Long de 182 km et large de 60 km dans sa plus grande mesure, ce lac est le deuxième plus grand lac de montagnes au monde. Il est situé entre les crêtes du Terskey Ala Tau et du Kungey Ala Tau, deux branches montagneuses du Tian Shan qui semblent « orner » le lac !

Après quelques minutes d’admiration, la question de dormir refait surface ! Nous repartons vers la rue principale, abordant quelques passants pour savoir s’il est possible de trouver un endroit calme pour y passer la nuit ! La seule réponse que nous obtenons dans un premier temps c’est « la ville est dangereuse la nuit ! Ne dormez pas dehors ! ». Ok, mais où alors ? Une vieille dame nous propose de nous héberger… pour 20$ chacun ! Hors de question ! Nous lui expliquons que nous n’avons pas beaucoup d’argent et sa réaction est plutôt étrange, elle comprend très bien, et plutôt que de nous proposer un éventuel meilleurs prix, elle nous présente à un homme, à l’air patibulaire qui nous fait comprendre qu’en cas de problème/danger/agression cette nuit, nous pouvons compter sur son aide, il nous défendra, il suffit de venir le retrouver là où il se trouve… Nous ferons d’autre rencontre pas franchement constructives donc un Kirghiz très sympas et complètement ivre qui nous conduira (dans une Lada) à travers la ville pour nous déposer tant bien que mal devant un hôtel plutôt luxueux semblant sortir de nulle part !

Nous ne nous sentons pas particulièrement en danger, mais devant l’étrangeté de la situation, qui ne semble pas s’arranger et nous met « un chouya » mal à l’aise nous avons une idée : Allons diner, on réfléchira mieux le ventre plein !

Nous essayons alors de demander au restaurateur s’il est possible de dormir dans son restaurant à la fermeture, mais celui-ci refuse, tout en nous mettant, une fois de plus, en garde sur la dangerosité de la ville la nuit, à cause des alcooliques, nous essayons aussi de discuter avec des locaux présents dans le restaurant, dans l’espoir de nous faire inviter, en vain ! Mais TOUS nous redisent que la ville est dangereuse la nuit…

Cette fois-ci c’est décidé, nous quitterons la ville pour dormir ! Le trek commencera plus tôt que prévu tout simplement ! Mais un nouveau problème se pose, nous n’avons pas de carte… impossible de savoir où se trouve à peu près le prochain village, la prochaine ville où il sera possible de se ravitailler ! A vouloir vivre plus « l’aventure au jour le jour » que dans les villes où tout est parfois trop simple grâce au site « Couchsurfing », nous avons même omis de prendre une carte !

L’idée était de se perdre sur les rives du Issyk kul, hé bien, à peine arrivés que l’objectif est presque atteint…

Sur la rive du lac se trouve toutefois un hôtel, plutôt luxueux, nous nous y rendons pour demander une carte du lac et de ses environs, mais ils n’en ont pas. Le jeune garçon à l’accueil accepte tout de même de nous imprimer une carte grossière du lac et de ses alentours en deux exemplaires !

Cartes en poches, nous voila parti le jour commence à fuir derrière les montagnes, il était temps de prendre une décision, la route ne contournant pas le lac par le chemin le plus court, nous décidons de couper à travers la plaine verdoyante vers la rive sud du lac pour gagner du temps.

Alors que nous entamons notre marche, nous croisons de loin un groupe de kirghiz qui semblent être à l’apéro, ceux-ci nous interpellent, j’incite Yogo à me suivre pour aller discuter avec eux, ils sont notre dernière chance de trouver un endroit où dormir rapidement ! Yogo n’est pas très motivé, et c’est compréhensible, mais me suit malgré tout, en m’approchant je reconnais notre conducteur (un peu moins) ivre mais en train de refaire le plein…

Fatigués, agacés, nous voulons reprendre notre route, mais son groupe d’amis arrive pour nous faire la conversation ! Finalement un peu festifs mais loin de l’état de notre conducteur qui essaie en vain de nous raconter quelque chose en anglais, nous discutons quelques instants, puis l’un d’entre eux nous propose de venir passer la nuit chez lui ! Il semble très sympa, et souhaite nous inviter dans sa maison familiale, avec sa femme, ses enfants,… Enfin ! Après quelques heures de galères, tout s’arrange ! Nous prenons un taxi avec lui, il habite sur les hauteurs de la ville, plus au nord, à 3 ou 4 kilomètres du lac. Depuis le perron il est possible d’aperçevoir le lac et les montagnes, au sud!

Jakou vit dans une belle maison, avec un jardin relativement grand, qui sert principalement à cultiver des fruits et légumes. Sous le même toit vivent 4 générations, la maison se développe au fur et à mesure que la famille s’agrandie !

A notre arrivée, nous sommes immédiatement invités à boire le thé Kirghiz en compagnie de sa femme et de son arrière grand-mère qui nous parlera de Napoléons, entre autre… En attendant que le thé soit prêt, ils sont très heureux de nous offrir du Choro, cette boisson marron grumleuse faite de levure… Le thé kirghiz est un thé noir très fort qu’il faut diluer dans de l’eau et/ou du lait. Pour accompagner le thé sont présent du pain maison, des beignets natures maisons et des confitures maisons ! Un vrai régal, même si nous avons déjà mangé, difficile de résister !

Nous passons la soirée avec Jakou et sa famille, à expliquer tant bien que mal nos voyages, nos vies, nos rencontres, et nous terminons la soirée en regardant un match de la coupe du monde (Italie – Croatie) qui se joue en Ukraine, diffusé à partir 00h00 au Kirghizstan avec le décalage horaire !

Le lendemain matin, nous avons de nouveau droit au thé kirghiz et ses accompagnements, avant de prendre quelques photos avec eux et de reprendre la route ! Avant de partir, Jakou nous offre chacun un chapeau typique du Kirghizstan “ak-kalpak”, moi qui avait justement perdu ma casquette ce cadeau tombe on ne peut mieux !

Nous retournons vers le lac, à pied cette fois, et en chemin nous faisons la connaissance d’une prof d’anglais qui nous invite à prendre le thé chez une de ses amies… à peine 20 minutes de marche et déjà la première pause ! Nous aurons cette fois droit, en plus du pain et de la confiture, à du poisson séché et fumé que nous avons vu de nombreuses fois dans les vitrines des boutiques sans oser y gouter… mais celui-ci est préparé maison et par conséquent très bon. Mais à 10h00 du matin à peine, entre quelques “tartines” et tasses de thé, plutôt difficile de l’apprécier à sa juste valeur !

11h00, nous reprenons la marche, la dame nous invite à repasser chez elle à la fin de notre séjour pour s’y reposer une nuit ! L’hospitalité kirghize nous ouvre définitivement ses portes ! De retour sur les rives du lac, nous entreprenons la traversée de la pleine, par là où nous avions rencontré Jakou la veille ! Nous marchons un moment dans l’herbe et au fur et à mesure, le terrain devient de plus en plus marécageux… Lorsque nous nous rendons compte qu’il est impossible de passer par là il est trop tard, après avoir essayé plusieurs chemins, nous sommes déjà au milieu des hautes herbes et où que nous allions la situation se détériore. Nous marchons dans la boue durant 1 heure avant de rejoindre finalement la voie de chemin de fer à l’Ouest, pour retourner sur la route deux kilomètres plus loin. Tout le monde nous a mis en garde contre l’hypothétique dangerosité de la ville mais personne pour nous dire d’éviter la zone de marécage… Sans le savoir Jakou nous a évité une vraie galère hier alors que nous marchions dans la même direction à la tombée de la nuit !

Cette fois-ci nous suivrons la route, nos cartes approximatives en poche nous estimons pouvoir atteindre rapidement à la marche le premier village avec nos chaussures trempées et pleines de boue !

Arrivé au Kirghizstan!

Ce pays ne figurait pas sur la liste de pays de mon itinéraire prévisionnel, il s’est presque naturellement mis en travers de ma route ! Alors que je m’informais, à Baku, sur les conditions d’obtention du visa Ouzbek j’ai entendu parler du Kirghizstan. Quelques recherches sur internet et le visionnage d’un reportage sur le lac Issyk Kul ont suffit à me convaincre d’y faire un petit (dé)tour.

Après ma petite déception au Big Almaty Lake, je me suis mis en tête de corriger le tir avec une grande ballade d’une dizaine de jours sur les rives du lac Issyk Kul, le deuxième plus grand lac de montagne au monde après le lac Titicaca au Pérou. Ce lac n’est pas très loin d’Almaty, il se trouve derrière la barrière de montagne au sud de la ville ! J’ai donc d’abord pensé essayer de le rejoindre à la marche en passant par les montagnes car il y a des chemins qui permettraient de le faire, mais c’est malheureusement impossible en raison… du passeport ! Il n’y a plus de poste frontière qui permet d’emprunter ce chemin depuis quelques années, c’est maintenant interdit, malheureusement…

C’est donc en Mashroutka que je me rends à Bichkek, la capitale Kirghize, accompagné de Yogo qui m’a rejoint pour cette étape. Prix du voyage « Almaty-Bichkek » 1200 T (6€)! Nous arrivons, vers 17h30 à la gare de bus après un passage de frontière très rapide ! La gare est un peu excentrée, et il n’y a pas grand-chose autour, aux premiers abords, elle ne semble pas très accueillante. Nous demandons notre chemin à deux passants et ceux-ci nous offrent gracieusement un trajet en taxi jusqu’à chez nos hôtes car il leur semble trop compliqué et trop long de s’y rendre à pied! L’hospitalité Kirghize commence !

Le taxi rejoint rapidement le véritable centre ville avec ses parcs et ses larges avenues, ses constructions passéistes,… Cette ville me rappelle beaucoup Almaty, tout en étant de taille plus humaine et peut être encore plus conviviale.

Nous arrivons vers 6h30 chez Elena, nous allons passer trois jours en sa compagnie ainsi que celle de son mari et de son fils ! Eléna vit dans une petite maison avec jardin, dans le centre ville, au sein d’une petite zone pavillonnaire populaire très agréable. Depuis le jardin, on aperçoit les montagnes et si petit soit-il, celui-ci est utilisé pour cultiver des fruits & légumes, grâce au climat les récoltes sont généreuses et les fruits sucrés à souhait ! Pour les remercier de leur hospitalité, nous cuisinerons une ratatouille et des crêpes, pour leur faire découvrir la cuisine Française, même si pour eux nos « Crêpes » ne sont que de vulgaires « Blinis » russes…

Nous passons trois jours à Bichkek, il nous tarde d’arriver au Issyk kul, mais d’abord il faut que je fasse ma demande de visa Chinois. Ce sera l’occasion de visiter un peu plus cette ville, d’explorer les petites rues populaires où il est possible d’acheter des fruits pour un très bon prix ainsi que de goûter du Choro: une boisson acide à la couleur marron claire, faite à base de levure et du lait de ??? (qui semble fermenté au goût) que l’on peut trouver à tous les coins de rues, vendu par de petits stands à travers toute la ville !

J’irais aussi me balader au « Osh Bazar » de cette ville qui était un lieu de repos pour les caravanes sur la route de la soie. Entre les épices, les fruits (frais ou secs) et légumes, et les pâtisseries locale il est toujours possible de trouver un grand nombre de produits made in China, mais ce bazar est celui qui m’a le plus charmé de tout ceux qu’il m’ait été donné de visiter. Un bazar qui est resté assez typique pour que la présence de produits chinois rappelle que c’était ça à la base l’idée même de la route la soie: importer et revendre tout au long de la route des produits venus d’ailleurs sans supplanter totalement la culture et les produits locaux.

Aux abords de celui-ci je mangerais un plat typique, le « plov » ! Du riz sauté aux carottes accompagné de viande de bœuf ou de mouton, et bien que l’origine sois plutôt Ouzbek ou Tadjik, pour 1€, c’était juste excellent ! Mais promis j’y gouterais lorsque je serais à Osh, pour comparer !

Après trois jours dans cette ville, j’apprends que les conditions d’obtention du visa sont plus compliquées que prévu et qu’il va falloir que j’y passe plus de temps, ras le bol, ce satané visa attendra, je pars pour le Issyk Kul avec Yogo !

Premiers pas dans le Tian Shan

Je déambule maintenant dans les rues d’Almaty, l’ancienne capitale Kazakhe dont le nom signifie « Riche en Pomme ». Cette ville, dont l’histoire remonte à l’âge de bronze fut un centre commercial de la route de la soie ! Initialement connue sous le nom de « Verniy », elle fut rebaptisée « Alma-Ata » (Le Grand père de la Pomme) en 1921 sous le règne soviétique ! Ville assez verte, il y a de nombreux arbres et parcs, ce qui permet de se mettre un peu à l’ombre lorsqu’il fait 40°C en milieu d’après midi !

Je suis aux portes du Tian Shan, littéralement “Montagnes Célestes”, c’ est un important système montagneux qui traverse l’Asie centrale, passant entre le Kazakhstan, le Kirghizstan et qui se termine dans le désert du Takla Makan, en Chine. Long de 2500 km et large de 350/400 km le plus haut pic (Pobedy) culmine à 7439m. Au pied de ce massif de montagnes se trouvent de nombreuses villes étapes et Oasis de la route de la soie dont Almaty fait partie.

Le jardin d’Eden retrouvé !

Cette ville fut baptisée « Alma-Ata » en raison de la profusion de pommiers dans cette région du Kazakhstan. Un biologiste russe émet en 1921 l’hypothèse que l’origine de ce fruit soit Kazakhe ! Ce qui est aujourd’hui prouvé par la science ! Navré d’apprendre cela aux éventuels Normands qui passeraient par là…

Il existe donc une incroyable quantité de variété issue d’une multitude de croisement génétique au fils des siècles ! Ce patrimoine reste en danger malgré les efforts de scientifiques et d’associations pour le protéger ! Triste, sachant qu’en plus la grande majorité des pommes vendues à Almaty sont importées de Chine et sont à peine mangeables, farineuses, sans goût…

En savoir plus?

Une ville déconnectée de la réalité

Almaty est une ville tout ce qu’il y a de plus moderne vous y trouverez tout ce que vous voulez même si vous êtes habitué au luxe des villes européennes. Marquée par son passé soviétique, on ne peut pas dire que l’architecture grise et carrée des principaux bâtiments et des nombreuses fontaines soit des plus belles, mais malgré tout on s’y sent agréablement bien et ça donne le côté « typique » à cette ville.

Almaty c’est la ville où les voitures s’arrêtent lorsqu’un piéton traverse sur le passage qui lui est réservé (c’est assez surprenant après 2 mois de voyage !), c’est aussi un lieu où, dans les transports, les jeunes laissent SYSTEMATIQUEMENT leur place aux personnes plus âgées! Pour finir, c’est une ville très vivante et bien qu’un peu chère il est tout de même possible de sortir manger sans se ruiner (mais en dépassant parfois un petit peu son budget…).

Bref, l’arrivée en Asie centrale se fait en douceur, pas de franche rupture avec nos habitudes occidentales pour l’instant (si ce n’est l’agréable politesse dans les transports ! Ami « transilien » si tu me lis, c’est aussi un peu grâce à toi que j’ai tout quitté… sans rancune ! ). Même si bien sûr les paroles, les écrits et les bâtiments me font me sentir ailleurs ! Cette ville occidentalisée semble toutefois déconnectée de la réalité du reste du Kazakhstan que j’ai aperçu à travers les vitres du train…

Fort heureusement en voyage, lorsque vous n’êtes pas trop dépaysé, ça ne dure généralement pas… Revenons sur le voyage en train. Durant celui-ci, j’ai fais la connaissance de Kayrat, un Kazakh qui travaille comme responsable commercial pour une société de parfum en développement ! Très sympathique, il nous a proposé, à Philippe, Yogo et moi de nous héberger durant notre séjour à Almaty !

Kayrat vit chez un de ses amis, à 30 km du centre d’Almaty, au bout d’un petit chemin, aux pieds des premières collines qui débouchent sur les montagnes du Tian Shan. Dans la maison où nous sommes hébergés, il n’y a pas d’eau courante (sauf un robinet au fond du jardin !) et l’électricité est souvent coupée pour cause de travaux ! MAIS, dans le jardin de cette maison aux allures rudimentaires, il y a un sauna privatif en parfait état de marche, il suffit d’allumer un feu de bois pour le mettre en route ! Bien que je ne sois pas fan de ce genre d’attractions, il sera plaisant de s’en servir une fois ou deux, simplement pour le coté atypique de l’activité !

Je passe plus de temps que prévu à Almaty, la ville est très sympathique et j’y ferais la connaissance de plusieurs personnes. J’aurais l’occasion d’être hébergé par d’autres hôtes dont Steven et Saule, un couple qui à décidé de vivre autant que possible en autosuffisance et que j’aiderais dans l’entretien de leur jardin et dans la conception de leur douche avec retraitement phytosanitaire de l’eau, Gulnara et ses colocataires et pour finir Andrey & Lena !

Après quelques jours supplémentaires en ville, je décide de partir en trek dans ces majestueuses montagnes qui composent l’arrière paysage de la ville. Un ami d’Andrey, Génia, souhaite m’accompagner jusqu’au Big Almaty lake !

Le lendemain, dans la matinée, nous quittons la ville en bus pour démarrer le trek ! Nous descendons du bus à une dizaine de kilomètre du Big Almaty et commençons à marcher ! Les premiers kilomètres dans la vallée ne sont pas très intéressants, nous suivons une route où le paysage montagneux est sympa, mais sans plus et les abords de la route sont jonchés de détritus laissés par les familles qui viennent par centaines pique-niquer dans le coin ! Nous essayons de faire du stop pour rejoindre au plus vite les endroits les plus sympathiques à voir ! Après deux heures et trente minutes de marche une voiture s’arrête et la conductrice accepte de nous conduire plus haut sans contrepartie financière !

Le lac se trouve dans les montagnes du Tian Shan qui séparent le Kazakhstan sur Kirghizstan, du coup de nombreux militaires y contrôlent les allées et venues des gens autour du lac et il est normalement interdit d’y dormir. La conductrice nous conduit finalement plus haut que le lac, directement au poste de garde des militaires et nous y présente pour que nous ne soyons pas ennuyés. Elle nous obtient même le droit de dormir sur place, alors que c’est interdit en temps normal, et heureusement puisque nous avions prévu de dormir dans les environs ce soir !

Nous sommes donc arrivé très… non… trop facilement au lac, et comme toujours lorsque l’on ne fourni aucun effort pour obtenir quelque chose, on le trouve plutôt moyen… A moitié vide, les abords sont bétonnés du côté route, ce lac sert maintenant de réservoir d’eau potable pour la ville et des gardes sont là pour vous empêcher d’approcher l’eau… Il n’en reste pas moins très beau. Je suis juste un peu déçu.

Pour profiter de la journée et du paysage, nous décidons de grimper sur l’une des collines toutes proches. Nous prenons un rapide repas et discutons pour choisir où grimper, j’aperçois de la neige au sommet de l’une d’entre elles ! Génia décide de s’aventurer sur une autre. Nous nous séparons ! Mauvaise idée vous dites ?

J’ai abordé l’escalade de cette colline du mauvais côté, la pente est abrupte et jonché de pierres, le sol n’est pas stable du tout, une grosse pierre se dérobe même sous mes pieds, je me rattrape de justesse dans un buisson ! Mais une fois commencé, impossible de faire demi-tour, plus qu’à grimper, alors que je prends déjà beaucoup de précautions pour ne pas tomber, entrainé par mon sac à dos, j’aperçois des tiques dans l’herbe ! J’ai été mis en garde par Génia contre ces insectes porteur d’une maladie : « L’encephalite à tique » contre laquelle je ne suis pas vacciné ! Je rentre mon pantalon dans mes chaussettes et continue l’ascension ! Avec 20 kg sur le dos celle-ci prend du temps, beaucoup plus que prévu et alors que je suis arrivé à la moitié, il se met à pleuvoir… la pluie se transforme en neige fondue, puis en neige bien ferme lorsque j’arrive au sommet !

Je passe une vingtaine de minutes au sommet, et le temps change… en pire ! Démarre une sorte de blizzard, je ne vois presque plus rien, résultat je décide d’amorcer la descente de l’autre coté de la colline pour rejoindre une route par une piste plus douce que celle empruntée pour la montée ! Lorsque j’arrive en bas, je rejoins le lieu où j’ai quitté Génia, mais il est introuvable ! Il tombe des trombes d’eau, je pense alors qu’il a rejoint le lieu de camping que les militaires nous ont indiqué, en contrebas, plus proche de lac. Je m’y rends en vain, il reste introuvable ! Je me doute alors qu’il a du essayer de me retrouver alors que j’étais moi-même perdu dans le brouillard, et qu’il y est probablement maintenant !

Après 45 minutes de recherche mutuelle sous une pluie d’une rare intensité, je le retrouve alors qu’il redescend de la colline ! Il est maintenant 18h00 environ, nous somme ARCHI-trempés, fatigués et le temps ne semble pas aller en s’améliorant, nous décidons de rentrer en ville lorsqu’Andrey appelle Génia pour lui demander si l’on souhaite qu’il vienne nous chercher parce que la météo n’annonce pas d’amélioration avant le surlendemain… Un grand merci à lui pour cette info et pour son aide !

Je rentre à Almaty, tant pis pour cette fois, grosse déception, mais on retentera ! En attendant je décide de quitter le Kazakhstan un peu en avance pour aller retrouver le soleil au Kirghizstan, sur les rives du Lac Issyk Kul…